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Michel Barrionuevo -   Sassenage

Barrages hydrauliques : cette richesse régionale n’est pas à vendre !

19 Novembre 2015, 18:33pm

Publié par Barrionuevo

Barrages hydrauliques : cette richesse régionale n’est pas à vendre !

Déjà contrainte par la Commission européenne (CE) à mettre en concurrence l’exploitation des barrages hydroélectriques, propriétés de l’État, la France est maintenant sommée d’exclure EDF de la course à l’attribution des concessions ! Paris est accusé de ne pas faire jouer suffisamment la concurrence dans la production d’électricité d’origine hydraulique.

L’hydroélectricité en France représente environ 12 %de la production nationale, tenant en Europe la deuxième place derrière la Norvège. L’État, propriétaire de 400 barrages environ, pour la plupart dans les régions alpines, a concédé l’exploitation de 85 % de ceux-ci à EDF. L’ex-entreprise de service public assure la plus grande part de la production.

Le modèle économique, industriel et social construit autour d’EDF depuis 1946, issu du programme du Conseil National de la Résistance est attaqué depuis 2004 par étapes successives : changement de statut d’EDF, privatisation de GDF, adoption dès 2011 du principe de la mise en concurrence des concessions. La loi dite « Transition énergétique », votée en 2015 par une majorité parlementaire PS/EELV, ouvre la porte aux privatisations. Elle prévoit en effet de confier l’exploitation des centrales hydroélectriques à des Sociétés d’économie mixte (SEM) dans lesquelles les collectivités locales ne seraient assurées que de la minorité de blocage de 34 % (si toutefois elles ont les moyens financiers d’acquérir cette part). Avec les dernières injonctions de Bruxelles, la France est mise en demeure d’interdire à EDF de répondre aux appels d’offres lors du renouvellement des concessions hydrauliques et de remettre en cause celles qui ont été attribuées depuis 1999 !

Les concessions, attribuées pour 75 ans, font saliver plusieurs groupes énergétiques européens qui se livrent à un lobbying intense. Parmi eux, un comble, on trouve deux sociétés nationales, la norvégienne STATKRAFT (hors de l’UE) et la suédoise VANTTENFALL, tandis qu’EDF serait mise hors-jeu d’entrée ! La Commission européenne entend bien rappeler son ADN : l’Union européenne est « une économie de marché ouverte où la concurrence est libre ».

On en reviendrait ainsi à la situation antérieure à la seconde guerre mondiale, et le service public cèderait la place aux profits financiers. Il s’ensuivrait inéluctablement des hausses de tarifs conséquentes pour tous les consommateurs, la dégradation des services liés aux multiples usages de l’eau pour les collectivités (tourisme, irrigation, gestion des crues, alimentation en eau potable, etc…), des destructions d’emplois et des dégradations des conditions de travail pour les salariés directement ou indirectement concernés (services supports, maintenance, ingénierie, sous-traitants locaux, etc…). Voire une mise en cause de la sécurité.

L’hydroélectricité est en outre appelée à un rôle accru dans la transition énergétique avec les ouvrages réversibles dits « STEP » (stations de transfert d’énergie par pompage comme Grand’Maison) qui permettent de stocker l’énergie produite en excès par les autres sources connectées au réseau. C’est une fonction essentielle dans le cadre du développement des autres sources d’énergie renouvelables, photovoltaïque et éolienne, pour palier l’intermittence de celles-ci. À la veille de la 21ème réunion de l’ONU sur le climat (COP21), est-il raisonnable de céder les ouvrages hydrauliques à des opérateurs dont on sait le peu de cas qu’ils font de la lutte contre le changement climatique et dont le but est avant tout de spéculer sur le marché mondialisé de l’énergie ?

Non à la privatisation des concessions hydro-électriques !

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