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Michel Barrionuevo -   Sassenage

Prestations sociales: La maladie de la pauvreté, incurable ?

12 Juin 2015, 11:26am

Publié par Eric Bocquet

Par Eric Bocquet / 12 juin 2015 Tribune parue dans Liberté Hebdo.

Les médias nous donnent accès régulièrement, en tous cas ceux que ce sujet intéresse, à des chiffres sur l’évolution dans nos sociétés de la richesse, d’une part, et de la pauvreté d’autre part, et ce qui se confirme à chaque fois c’est l’écart grandissant entre ces deux mondes.

Il faut donc incessamment dénoncer cette réalité qui ne doit rien à la fatalité bien sûr mais qui est bien le produit des choix économiques faits par nos gouvernants. C’est le produit de ce système libéral où l’argent écrase tout pour enrichir une ultra minorité qui en veut toujours plus. Le mensuel « Alternatives Economiques » dans son numéro de juin sort un dossier sur les inégalités, très intéressant.

Pour les 40% du bas de la hiérarchie sociale en France, les revenus ont diminué de 300 à 500 euros par an entre 2008 et 2012. Ce décrochage de la France « d’en bas » est inédit, 800 000 personnes sur la période ont rejoint les rangs de ceux qui vivent sous le seuil de pauvreté. En ce qui concerne les inégalités de patrimoine c’est aussi édifiant. Les 50% les moins riches possèdent ensemble 7% du patrimoine global. Au sommet de la pyramide le 1% le plus riche en possède 48% !

Le salaire mensuel d’un cadre des marchés financiers s’élève à 13 584 euros, en bas de l’échelle (oui en effet l’ascenseur est en panne !), celui d’une aide-ménagère est à 1 601 euros (chiffres de 2011). Allez un petit dernier pour la route, la première fortune professionnelle de France, M. Bernard Arnault (Groupe LVMH) est chiffrée à 27 milliards, soit 1 991 150 années de SMIC.

Mais, nous dit-on au café du commerce, les pauvres quand même ils en profitent un peu du système, non ? Les aides sociales etc.

Creusons un peu ce sillon. Dans deux récents rapports du Sénat, l’un consacré au RSA et l’autre à la CMU, on nous explique des choses assez incroyables. On apprend ainsi qu’en 2011 le taux de non-recours au RSA était de 68%, oui vous avez bien lu, deux personnes sur trois qui pourraient prétendre au RSA n’en bénéficient pas effectivement, ceci pour diverses raisons, complexité administrative, abandon des démarches, conditions trop restrictives...

Quant à la Couverture Maladie Universelle, un constat analogue est fait par la Cour des Comptes, le taux de non-recours s’établit à 25%, il était je crois important de rétablir ces faits têtus en cette période malsaine de « chasse aux fraudeurs pauvres ».

C’est dire s’il y a un espace politique considérable à occuper pour toutes les forces de la gauche qui ne se résignent pas à l’austérité et qui ont mis au cœur de leur engagement militant le combat pour la justice sociale qui est comme le bonheur cher à Saint-Just, toujours une idée neuve, et pas qu’en France !

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