Mon Hommage à Paul Jacquet, ce 15 janvier 2025
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Paul, la dernière fois, lorsque nous sommes venus te rendre visite, c’était à Michallon. Ton geste de croisement du poignet sur l’avant-bras signifiait ton ras-le-bol des souffrances, tu souhaitais être délivré de ce mal qui te détruisait !
C’est au début des années 80, lorsque j’ai été mandaté par la fédération de l’Isère du Parti communiste français pour suivre la section Jarrie-Champ-sur-Drac, avec l’objectif qu’elle rejoigne celle de Vizille, que nous nous sommes connus.
Comme toi, la plupart des militants étaient issus de l’entreprise de chimie, Péchiney (PCUK) de Jarrie. Vous étiez des battants !
Aujourd’hui encore, les luttes de Vencorex ou d’Arkéma contre les suppressions d’emplois montrent la détermination du monde du travail à s’opposer aux injustices.
Dans les années 1990, lors des foires de Beaucroissant en septembre, les camarades isérois tenaient 4 buvettes et 3 restaurants : Avec Marie-Thé vous participiez le week-end bénévolement à la réalisation des repas de celui du Travailleur Alpin, dont le menu était identique à celui de la Terre.
A cette époque, la foire durait entre 3 et 5 jours. En approchant de ton départ à la retraite, tu m’as dit : « je serai bientôt retraité et tu pourras compter sur nous deux pendant toute la durée de la foire, ainsi que pour le montage et démontage. »
Ce que j’ignorais à ce moment-là, c’est l’effet d’entrainement, d’une partie de votre famille.
Quelle belle expérience de moments de complicités, d’apprentissages et d’éveils ; avec Marie-Thé, vous m’avez ouvert les yeux sur l’amour et aidé à franchir une étape qui perdure depuis 28 ans. Martine est triste de ne pouvoir être aux côtés de Marie-Thé et de toute la famille puisqu’en ce moment même, son ophtalmo qui l’a opéré d’un glaucome lundi, avait programmé une première visite de contrôle.
Paul était l’ami qui ne lésinait pas à se donner pleinement à la tâche. J’ai parlé de la Beaucroissant, mais il y avait aussi les fêtes du Travailleur Alpin, et son engagement au sein de la FNACA.
A chaque fois que notre agenda nous a permis d’être disponibles, nous étions à votre table, au bal des anciens de la guerre d’Algérie.
Dans mon livre, sur mes souvenirs de l’année 2003, j’ai écrit : « Un Myélome diagnostiqué chez Paul. » Pour moi, cette annonce de maladie fut un gros coup dur, il était infatigable. Cheville ouvrière du montage et du démontage des foires de Beaucroissant, il avait remis à neuf la rôtissoire en remplaçant tous les tubes des résistances. Sur place, il assurait le fonctionnement du restaurant le Travailleur Alpin en septembre, et me suppléait à celui de La Terre, en avril. Premier arrivé, dernier parti, était son tempo.
Parmi les moments passés ensemble, 18 août 2004 vous nous avez invités à faire une balade sur le bateau La Mira, avec déjeuner à bord ;
En septembre 2005, à la place de la foire de Beaucroissant, notre choix à tous les quatre, fut de nous rendre à la Courneuve, à la Fête de l’Humanité pour 3 jours inoubliables : de la partie de fou-rire sur une aire de jeu d’autoroute comme des enfants, et aux restaurants et spectacles sur place !
Autre souvenir, la fête de vos 70 ans le 13 juillet 2008 à la salle de Champ sur Drac, les chapeaux surmontés de bougies vous allaient à ravir.
Le principe qui te guidait, qui vous guide est de dire, les amis de nos amis, sont nos amis, aussi, la tenue de Père ou mère Noël à une fête de fin d’année de la société mycologique de Sassenage, fût un moment inoubliable. Longtemps, jusqu’à la pandémie, vous êtes restés fidèles à nos concours de belote.
10 ans plus tard, tu étais persuadé d’avoir fait la nique à ton cancer et nous nous sommes retrouvés à l’espace famille de champ sur Drac le 27 mai 2018 pour faire la fête des 80 ans. Babette et Jean-Marc, se sont rajoutés aux festivités.
70, 80 ; nous n’allions pas attendre les 90 ans pour refaire la fête. Dans l’invitation à vos 85 ans, vous faisiez allusion aux marches à gravir.
Même, si les 4 étages sans ascenseur des Envers à Jarrie étaient un lieu de convivialité gustative très fréquenté. Il n’est pas évident de poursuivre cet effort lorsque les jambes n’ont plus la même force.
Ainsi, la nouvelle installation au foyer logement de la Romanche à Vizille est devenue confortable.
La fête de vos 85 ans, c’est à la salle Malraux de Jarrie qu’elle s’est tenue, le 21 mai 2023, avec des moments chaleureux et remplis d’émotions, notamment au fil des paroles de la chanson de Serge Reggiani que je résumerai par le début et la fin :
Combien de temps...
Combien de temps encore
Des années, des jours, des heures, combien ?
Quand j'y pense, mon cœur bat si fort...
Mon pays c'est la vie.
Combien de temps...
Combien ?
Je m'en fous mon amour...
Quand l'orchestre s'arrêtera, je danserai encore...
Quand les avions ne voleront plus, je volerai tout seul...
Quand le temps s'arrêtera.
Je t'aimerai encore
Je ne sais pas où, je ne sais pas comment...
Mais je t'aimerai encore...
D'accord ?
Le 6 octobre, lors de ce dernier repas en commun, tu as été silencieux et sans appétit. Fatigue et lassitude sont devenues ton quotidien jusqu’à ton premier malaise. Paul, je peux te faire une promesse, nous reviendrons rendre visite à Marie-Thé.
L’horloge de la vie s’est arrêtée pour toi ! Tous ceux qui t’ont côtoyé garderont de toi, le souvenir d’une homme extraordinaire et généreux. Nous voudrions te remercier pour ce combat, sans répit mené contre cette maladie qui te rongeait de l’intérieur. Te remercier pour ne pas avoir hésité à servir de cobaye durant les différents traitements reçus pendant plus de 21 ans, avec toutes les conséquences au regard des dégradations physiques et mentales. Ton dévouement a permis à la science de progresser, c’est certain !
Adieu Paul, l’ami, le frère, le compagnon, le camarade