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Michel Barrionuevo -   Sassenage

Lettre du Parti communiste français au Président de la République, après la chute du gouvernement Barnier

6 Décembre 2024, 13:10pm

Publié par PCF

Monsieur le Président de la République,

L'emploi de l'article 49 alinéa 3 par le Premier ministre Barnier, pour faire adopter son budget et déclencher de fait une motion de censure qui le fera chuter, est une action grave qui n'avait pas été entreprise depuis 1962.

Nous n'avions pas non plus vu un gouvernement issu du camp battu à la suite d'une dissolution être nommé. Ainsi, comme en 1962, nous affirmons que la chute du gouvernement était écrite d'avance.

Pendant des mois, nous pourrions discuter des responsabilités de chacun, sans pour autant trouver une issue à cette crise. Nous vous avons écouté hier soir. Vous ne pouvez ainsi vous dédouaner. Vous avez choisi de dissoudre l'Assemblée nationale à l'issue du scrutin des européennes sans aucune concertation, puis de nommer 50 jours plus tard un Premier ministre pour conserver une stabilité politique qui n'aura pas tenu trois mois.

Nous désirons, comme d'autres, sortir de l'impasse et répondre aux préoccupations de nos concitoyens, de nos TPE-PME, de nos collectivités, ainsi que des acteurs de la vie associative.

Nous sommes parfaitement conscients qu'aucune coalition ne détient la majorité absolue à l'Assemblée nationale, ce qui contraint chaque groupe et chaque force politique à travailler ensemble sur des compromis pour avancer. La seule question qui se pose aujourd'hui est dans quel sens devons-nous avance,

Hier soir, vous avez mis au même niveau les députés qui ont voté la motion de censure. Mais vous savez très bien que beaucoup de députés, dans votre propre camp, ont été élus au second tour des dernières élections grâce au front républicain et au désistement de la gauche.

La raison de notre censure, c'est avant tout et surtout à cause des mauvais choix inscrits dans le projet de budget

Perte de revenus pour les retraités, le citoyens, les communes, les départements, les régions, perte de subventions pour les associations, perte de fonds pour nos hôpitaux, l'éducation, manque de moyens pour la justice, la sécurité, la transition écologique...

Comment laisser passer un tel budget qui provoquera de la colère chez tous ceux qui voient leur pouvoir d'achat une fois de plus affecté ?

Comment accepter un budget qui conduira notre pays à une récession dramatique alors que des deux côtés de l'Europe, aux États-Unis comme en Chine, l'heure est à des investissements massifs des États pour protéger et doper l'économie, la consommation, la croissance ?

Personne ne parle de la dette aux États-Unis, alors qu'elle est bien plus importante qu'en France.

C'est pourquoi, le Parti communiste français et ses parlementaires appellent à sortir de ces logiques et à construire rapidement un pacte républicain et social, respectant les choix exprimés par les citoyens et apportant des réponses immédiates à leurs demandes.

Lors des élections législatives, les députés issus de la coalition du NFP sont arrivés en tête. Dans leur diversité, nos concitoyens ont exprimé des exigences élevées pour protéger leur pouvoir d'achat, garantir le service public, et surtout pour un changement de politique! Travaillons à ce changement et ne laissons pas la France sans un gouvernement qui réponde aux attentes exprimées dans les urnes.

Nous ne demandons pas la mise en oeuvre de tout notre programme. Nous appelons à la construction d'un pacte social et formulons 6 propositions qui nous paraissent essentielles : abrogation de la réforme des retraites, indexation des salaires et des pensions sur l'inflation, baisse du coût de l'énergie, soutien aux services publics, aux collectivités, à l'industrie et une diplomatie active en faveur de la Paix.

Nous appelons également à engager un programme solidaire de développement économique et humain dans les territoires d'Outre-mer, construit avec les élus et les populations.

Créons les conditions d'un gouvernement capable de construire des majorités autour de la justice sociale, de la justice fiscale et des valeurs républicaines.

Regardez à gauche de l'hémicycle et respectez le Parlement, les français.

Nous serons toujours là pour engager ces discussions et trouver un chemin pour répondre aux urgences de notre pays, en mettant d'abord l'accent sur la défense des intérêts du peuple.

Nous vous prions de croire, Monsieur le président de la République, en notre haute considération.

 

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